Bonjour,
Comme vous le savez Florence Lamy et moi-même nous efforçons de participer et intervenir dans les colloques internationaux sur la supervision des coachs qui ont lieu aussi bien à l’Ouest qu’à l’Est de l’Europe.
Nous avons fait une analyse couvrant environ 200 interventions au cours des colloques auxquels nous avons assisté depuis 2011 ou pour lesquels nous avons pu nous procurer le programme. Les sujets se distribuent comme suit :
- Méthodes, techniques et outils en supervision individuelle : 48%
- Le marché présent et à venir :
16% - Méthodes, techniques et outils en supervision collective : 11%
- Les mécanismes inconscients en supervision : 9%
- La supervision des coachs internes : 6%
- Ethique, déontologie et morale :
5% - Recherche et épistémologie de la supervision : 5%
Les thèmes abordés jusqu’ici dans les colloques et les groupes de partage internationaux concernent rarement la supervision des superviseurs.
Mais voici que cela change un peu puisqu’un groupe de réflexion d’une quinzaine de personnes a tenu récemment une réunion spécifique sur ce sujet.
Tous les participants, Anglo-Saxons pour la plupart, sont superviseurs de superviseur et y consacrent de 20 à 70% de leur temps. Tous leurs clients supervisent non seulement des coachs mais également des psychothérapeutes, des médiateurs et d’autres professions de l’accompagnement. La réunion a été centrée sur la supervision des superviseurs de coachs.
La facilitation de la réunion procédait par tours de questions auxquelles tout le monde devait répondre. Après la présentation de soi, la seconde question concernait ce qu’est la supervision de superviseur et en quoi elle diffère de la simple supervision.
A ce niveau tous et toutes étaient d’accord sur le fait que « difficile de faire son lit sans en sortir » et que le superviseur, comme tout autre accompagnant, a besoin d’un regard externe pour mieux exercer son métier (hors France il n’y a aucun doute sur le fait que la supervision est un métier à part entière).
De façon générale les Britanniques préfèrent une supervision collective classique de type collaboratif (non-directif avec du support de la part du superviseur de superviseur) tandis que les Hollandais utilisent plutôt un processus très délégatif et non supportif comme l’intervision régulée (intervision avec des règles du jeu).
La question sur les contenus et les processus a donné lieu à une très grande variété de points de vue d’où il se dégage toutefois plusieurs idées fortes :
- Les superviseurs (clients dans ce cas) sont arrivés à un niveau de professionnalisme tel que la fonction « support » (resourcing) de la supervision est moins importante en supervision de superviseurs.
- La fonction « développement » demeure mais avec des objectifs très ambitieux en termes de communication, conscience de Soi, créativité, conscience éthique, etc…
- La fonction « résolution » demeure aussi mais plus orientée vers l’interpersonnel et surtout le systémique. Là encore le niveau de savoir partagé des superviseurs permet d’aller très loin très vite.
- Des outils spécifiques commencent à émerger, issus de la théorie des « Role Models » (Bernard, 1989 ; Hawkins & Shohet, 1989), ou avatars des constellations systémiques, etc… Le reflet systémique (processus parallèle) est manié avec dextérité.
La réunion a été dense et intense. Les participants ont exprimé que ce forum était très attendu et nombreux sont ceux qui ont réclamé une suite. Il est probable que ce groupe de partage va donner naissance à un groupe de travail car de nombreuses pistes ont été ouvertes qui méritent d’être explorées collectivement. Il ressort qu’il y a beaucoup d’expérience accumulée qui demande à être pensée et structurée.
Nous allons bien sûr intégrer des éléments issus de ces conversations dans notre formation de superviseurs et dans nos Master Class sur la supervision.
Belle journée à tous